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Puzzled Life

18 décembre 2008

Maîtrise (1984)

Alignement de chaises et de tables. Ce jaune moutarde si peu harmonieux qui revient, chaise après chaise, table après table. Feuilles griffonnées ou colorées, écritures soignées ou improvisées. Ici, un gobelet de café vide. Là, un paquet de biscuits entamé. Amoncellement de feuilles, stylos, trousses, règles, crayons, calculettes, classeurs, gommes…

Le tableau est blanc. Désespérément blanc.

Silence.

Le bruit du papier tourné et retourné, froissé, gratté, gommé. Le bruit de la recherche frénétique d’un stylo, ou d’une cartouche d’encre, dans une trousse. Le bruit de ses pas qui parcourent la salle depuis le début. Pincement inquiet des lèvres, tête prise entre deux mains, menton gratté avec scepticisme, ongle rongés méthodiquement, cheveux tirés puis arrachés, sourcils froncés, crayon mâchonné.

Quelqu’un tape du pied, une autre tapote sa table, un dernier esquisse un semblant de dessin. Rien ne perturbe son calme. Tranquille, il déambule, mais reste attentif.

Les regards sont perdus dans l’immensité de la réflexion. Certains se croisent, s’échangent ; regards de soutien, de désespoir.

Question.

Il se déplace, discret, rapide, presque furtif, vers la main levée. Chuchotement bref, ponctué de coups d’œil rapides. Il retourne à sa ronde, un bref regard vers son poignet.

Il domine, il maîtrise tout : temps, manière, parole, regard, pensée. Pendant le temps qu’il lui est imparti, il définit son univers, impose ses règles. Regard implacable, vigilance constante, rien ne lui échappe. Soudain, le moment est venu :

« Terminé. »

Sec.

       Froid.

                 Sans appel.

Agitation subite : les stylos s’activent de plus belle ; une dernière phrase, un dernier mot, désespoir appelle ultime tentative. Un dernier coup d’œil, une dernière retouche, puis il faut se rendre à l’évidence : leur sort n’est plus entre leurs mains.

Il se place près de la sortie : dernier moment de maîtrise.

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15 décembre 2008

Comme dans un cocon

J'avais envie de parler de Cocoon, un groupe français qui a sorti son premier album, My Friends All Died In A Plane Crash, en 2007. Musique pop aux accents folk, c'est un vrai petit régal, à écouter pendant une soirée posée, pourquoi pas en amoureux :). C'est très reposant, parfois surprenant. Je vous conseille particulièrement "On My Way" et "Vultures".

Notez aussi le titre "Hummingbird", très simple, avec peu d'instrument, mais qui ravit l'oreille et que je ne me lasse pas d'écouter.

15 décembre 2008

Eprouvette verticale

Deux boutons, un choix : s’élever ou descendre. Le doigt se pose. Illumination. Attente. Les numéros s’éclairent les uns après les autres.

Enfin.

Les portes s’ouvrent lentement.

Vide.

Entrée dans cet espace restreint. Un miroir, un panneau bardé de boutons, un néon ou des spots lumineux, une décoration sobre et bon marché. Appui sur le bouton : choix fatidique.

Attente.

Les portes comment à se refermer.

Il arrive.

Transpirant, l’air hagard, il a couru toute la journée. Costume froissé, coiffure défaite, il bloque les portes. Excuses. Il choisi sa destination, puis réajuste sa cravate. Départ. Il fait mine de parcourir son courrier, sans oser en lever les yeux.

Stop. Portes ouvertes. Il descend. « Au revoir ». Elles montent. Portes fermées.

Jeans et veste de marque. Téléphone ou oreillettes. Elles discutent sans prêter attention à l’entourage. Elle se regarde dans la glace, remet une mèche en place.

Stop. Portes ouvertes. Elles descendent. Pas un mot. Ils montent. Porte fermées.

Poussette, sacs plastiques. Mère encombrée, enfants débordants. Elle aimerait discuter mais est submergée par ses enfants, ses tâches, ses soucis. Un sourire : amour de ses enfants. Un regard : envie de liberté.

Stop. Portes ouvertes. Ils descendent. « Bonne soirée ». Elle monte. Portes fermées.

Talons aiguilles, odeur de cigarette flottant dans ses cheveux. Chemisier, tailleur sur mesure. Regard dans les yeux, sourire accrocheur. Pochette sous le bras, elle examine son entourage sans se cacher, puis choisit où elle désire aller. Un coup d’œil dans la glace pour se rassurer, puis suite de l’examen, voire début de conversation.

Stop. Portes ouvertes. Je descends. « Bonne soirée, à bientôt ». Sourire. Portes fermées.

Croisement de destins, échantillons de vie. Une montée pour éprouvette.

13 décembre 2008

Ambigu

Petit. Maigre. Frêle.
Cheveux bouclés. Nez aquilin. Regard vif.
Conversation riche. Culture développée. Langage soutenu.

Connu de nom, de réputation mais pas physiquement. Rencontre, discussion, échange, découverte et appréciation sont de la partie.

Il évolue simplement dans la soirée, sans gêne, avec intérêt. Tout le monde ne connaît pas ses orientations, mais il surmonte les qui pro quo, sans tabou.

Culture influencée, conversation influencée, opinion influencée mais esprit ouvert. Tendance à prêcher, à influencer. Malgré tout, un puits de connaissance, une largesse d’esprit, une envie de partager et une rhétorique à ne pas négliger.

Soirée tranquille, intéressante, divertissante. Les convives s’en vont au lit, contents. Nuit calme, sommeil court, réveil embrumé. Petit déjeuner rapide ou sauté, train à attraper ou impératif à remplir.
Chemin du retour. Marche vers les transports en commun. Conversation banale. Soudain, sans avertissement :

« Tu sais, je te trouve ambigu. »

Choc, surprise. Honte ? Sourire ! La méfiance s’immisce, il est facile de juger sans savoir. La curiosité prend finalement le dessus : pourquoi ?

11 décembre 2008

Ici et maintenant

rosesCoup de cœur aujourd'hui pour une chanson que j'ai entendue en regardant Veronica Mars (on se refait pas ...). Pour les fans, c'est dans la saison 3, lorsqu'elle est poursuivie par le violeur (épisode 9). Il s'agit de "Right Here, Right Now", de Fat Boy Slim, sur l'album "You've Come A Long Way, Baby". C'est un choix parfait pour ce moment dans la série, mais c'est aussi une chanson que j'adore écouter.

Pour les curieux, Fat Boy Slim est un chanteur britannique. D'abord bassiste dans un groupe, puis part du duo Freak Power, il est convaincu par les Chemical Brothers de se lancer dans une carrière solo. Après un premier album remarqué, il sort le single "Rockafeller Skank" qui devient un carton international. L'album, "You've Come A Long Way, Baby", a lui aussi un grand succès et il devient un artiste reconnu.

J'aime bien aussi une autre chanson de Fatboy Slim, "Praise You", qui figure notamment sur la bande originale de Sexe Intentions.

Pour les fans de Veronica Mars, un blog recense toutes les chansons des épisodes : The Music Of Veronica Mars.

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10 décembre 2008

Ambres et bulles

Bruit sec, métallique, ponctué d’un souffle de gaz. Ou bien alors frottement du plastique, sifflement doux ou brutal. Petit geste de retenue, il ne faudrait pas laisser le précieux liquide s’échapper. Il se déverse déjà : verre assorti et consciencieusement penché pour l’averti, verre quelconque et droit pour le désinvolte. Le liquide sombre remplit le verre, surmonté d’une couronne plus claire. Tel un roi dans sa tour de verre, il s’élève, mais trop d’ambition lui fera perdre sa couronne.

Plein.

Laissons passer un rayon de soleil : sa couleur ambrée se révèle, teinte unique et mystérieuse, tapissée de minuscules bulles à la recherche de la surface. L’oreille sensible discernera le délicat pétillement qui s’en émane. Le fin nez distinguera le subtil mélange du parfum de caféine et de caramel.

Le verre se lève, les lèvres s’entrouvrent. Les papilles gustatives, qui auront reconnu le breuvage, se réveillent, s’affolent. Les lèvres touchent le verre, le pétillement effleure la peau. Le liquide glisse sur les lèvres, sur la langue, parcoure la bouche et le palais. La bouche tout entière est alors parcourue de picotements, qui se propagent ensuite dans la gorge. Le goût est indéfinissable.

Secret.

Les picotements cessent. Une dernière note sucrée reste sur la langue, saveur inoubliable pour les papilles.

Les gorgées s’enchaînent, puis les verres : impossible de s’en passer.

9 décembre 2008

Départs

Une soirée comme une autre. Alcools en tout genre, nourriture peu équilibrée diverse et variée, musique et lumière à profusion. Bons amis, connaissances, inconnus, indésirables, tout le monde se croise. Regards de connivence, de méfiance, d’interrogation. Chacun jauge, chacun juge. Apparence, comportement, conversation, tout importe.

On se découvre petit à petit : conversation banale, relation avec l’hôte, occupation… Puis certains facteurs décident de la suite : affinité physique, affinité humoristique, affinité philosophique, affinité sociale, affinité politique… Soit on revient vers la personne, soit on retourne vers le connu, la sécurité, le rassurant.

La soirée avance. Les groupes se forment, ici à deux, là en plus grand nombre. Les couples s’isolent, se rapprochent, se regardent, se touchent. Ils ne retourneront certainement pas vers le collectif ce soir.

Les conversations ont changé. Alcool, heure tardive ou osmose du groupe ont chacun leur effet. L’un anéantira le reste de sérieux, l’une ralentira le rythme et la complexité, tandis que l’autre développera et approfondira les sujets. La combinaison ne penche pas en faveur de la conversation, mais des jeux, de l’humour, du rire, de la joie.

Les défections commencent tôt et ne s’arrêteront pas avant la fin des réjouissances. Raisons en tout genre poussent au départ : mesurez ici les intentions des invités. Celui qui reste jusqu’à la fin, persuadé de séduire la demoiselle convoitée ; celle qui part la première car elle est fatiguée ; celui dont le taux d’alcoolémie – volontairement trop élevé – l’oblige à passer la nuit ; celle qui reste pour aider à ranger ; celui qui part rapidement avec sa compagne ; celle qui reste jusque tard dans l’espoir de s’intégrer au groupe ; celui qui reste sans rien dire car il n’a rien de mieux à faire ; celle qui part au moment où l’hôte commence à être fatigué ; celui qui part juste avant le rangement ;celle qui reste par simple plaisir et qui s’en va quand elle est lassée … Tant de raisons et de relations.

8 décembre 2008

Fade

3093089943_11e362fab7_oCouleurs. Mouvements. On regarde, on profite. Les yeux sont éblouis, on essaye de tout voir en même temps. Plus ou moins consciemment, on tente de comprendre le sens, la motivation, le message derrière. Certains restent simplement la tête levée, contemplatifs. Et puis soudain,

Noir.

Noir de monde. L’animation est terminée, on revient à la réalité : une place surpeuplée. Difficile de circuler, on se cogne, on se pousse. Certains sont en couple, d’autres en groupe. Les familles sont aussi là, enfants en bas âge juchés sur les épaules ou même dans une poussette. Les enfants plus âgés tenus sont tenus fermement par la main, de peur de les perdre dans la foule qui se presse.

Quelques illuminations animent le centre-ville. Enfantin, original, simple, impénétrable : tous les styles se côtoient. Le tour des animations est rapide, la déception souvent au rendez-vous. Les éclairages publics arrangés pour l’occasion ne font pas oublier le manque d’illuminations avancées.

La place des Terreaux est couverte de tâches colorées enfantines, puis se transforme en un gigantesque aquarium. Original, naïf peut-être. Autour de l’opéra, des globes lumineux sont accompagnés de projecteurs. L’église de Saint-Nizier et la cathédrale Saint-Jean sont recouvertes de couleurs vives, comme peintes. Effet saisissant, mais déjà vu et immobile. La place des Jacobins est le théâtre d’une étrange procession de poissons. Les bâtiments alentours sont couverts de squelettes d’arêtes. Difficile de se retrouver dans ces effets. La place Bellecour brille par son absence d’illuminations. Seule la grande roue domine le quartier. Prix, température, foule, autant de raisons pour passer son chemin.

Le promeneur attentif sera choqué des occasionnels messages publicitaires plus ou moins habilement dissimulés parmi les éclairages. La colline de Fourvière est vivement éclairée, les jardins sous la basilique sont illuminés alternativement. On retrouve ici la seule référence aux origines de cette célébration : « Merci Marie ».


Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers avec la fête des Lumières, voici un bref rappel de ses origines. Pour cela, remontons en 1643 : une épidémie de peste ravageait le sud de la France. Les notables lyonnais firent alors vœu de rendre hommage à la Vierge Marie chaque année si l’épidémie cessait. Depuis, un cortège solennel municipal se rend à la basilique Notre-Dame de Fourvière depuis la Cathédrale Saint-Jean chaque 8 septembre (et non le 8 décembre), jour de consécration de la ville à la Vierge, pour lui offrir cierges et écus d'or.
Une statue de la Vierge a été inaugurée sur la colline de Fourvière en 1852. Une crue de la Saône empêche cet évènement d’avoir lieur le 8 septembre, alors l’inauguration est reportée au 8 décembre, jour où est célébrée l’Immaculée Conception de la Vierge. Les notables catholiques lyonnais proposent alors d’illuminer les façades des maisons. Cette tradition est restée, et chaque 8 décembre, les lyonnais disposent des luminions à leurs fenêtres.
Cette célébration est devenue un évènement majeur dans les années 1990, avec l’organisation d’animations. En quelques chiffres, aujourd’hui, la fête des lumières c’est : 4 jours d’animation, 4 millions de visiteurs, 80 projets et 8 millions de lumignons vendus.

7 décembre 2008

Main basse sur les miss

Spectateurs, présentateurs, juges : un collège d’observateurs entoure les candidates. Regard, jugement, pression. Projecteurs, paillettes, maquillage, coiffures, haute couture : tout pour les mettre en valeur.

Du maillot de bain à la robe de soirée, tout est mis en œuvre pour l’appréciation visuelle du spectateur. Mais attention, la décence est de rigueur ! Les chorégraphies minutieusement préparées s’enchaînent : les corps se dévoilent, évitant le vulgaire. La décence tant prônée flirte avec le voyeurisme en une dangereuse danse que certains appelleraient hypocrisie.

Discours fallacieux des présentateurs, vantant les mérites intellectuels des candidates mais leur temps de parole est soigneusement limité à quelques secondes. Mots brefs, élocution maladroite, contenu sans relief. L’apologie de la féminité surpasse la prétendue importance de l’intellect.

Défilé après défilé, déhanché après déhanché, le nombre des candidates diminue. Les 36 deviennent 12. Les 12 n’en laissent que 5. Les 5 ne font plus qu’une. Moment décisif à chaque étape. Le présentateur maintient le suspense, mais finit toujours par annoncer la nouvelle, bonne et mauvaise.

Le spectateur inattentif ou distrait ne la remarquera même pas. Quelques rares apparitions au cours de la soirée, quelques mots toujours incisifs, elle semble insaisissable. Garde robe blanc et noir, comme si elle s’était figée lors de ses débuts un demi-siècle plus tôt. Ressortent lèvres et yeux, soutenus par un lourd maquillage. Sa main est omniprésente, mais invisible : costumes, chorégraphies, déroulement, tout est contrôlé. Son bon vouloir guide la liste des invités et l’ensemble des principes à respecter. Personne ne lui tient tête. Reine à travers les décennies, elle trouve une nouvelle princesse chaque année

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